Extrait du PETIT BASTIAIS du 30 MAI I947



Vingt communes se ruent sur la plaine du Taravo

On sait qu'il existait en Corse une cinquantaine de "communautés" ter­ritoriales non habitées sédentairement, presque toutes indivises entre plusieurs communes, dont les habitants avaient re­cherché, presque toujours dans les plaines, leur espace hivernal, pastoral ou céréa­lier. Nulle "communauté" que celle nom­mée "plaine du Taravo" ne donne mieux une idée de cette tendance des populations montagnardes, et de l'effort qu'il fallut entreprendre pour dissiper la véritable anarchie administrative qui était résultée de ces emprises communales et familiales gé­néralement éloignées de leurs points de dé­part.
Les deux cantons actuels de Ste Marie-Sicché et de Zivaco, qui sont parmi les plus vastes et les plus populeux de la Corse, ne trouvèrent, à l'origine de leur redescente vers les rivages fertiles, que les deux versants de la pointe sud du golfe d'Ajaccio, et notamment, le débouché du Taravo. Ils s'y précipitèrent, véritable ruée aux emblavures et pâturages d'hiver.
A elle seule, la basse vallée du Taravo totalisait plus de trois mille hectares, le fond bien étalé, bien gras, de terres allu­vionnaires.
Dans quel ordre se fit cette redescente massive, sans doute dès le haut moyen-âge, on ne saurait plus l'établir. Il suffit que l'on sache que non moins de vingt communes des moyennes et hautes zones des deux cantons participèrent à la ruée, cas exceptionnel. Sans aucun doute, au gré de la puissance des anciens seigneurs de la contrée, une manière de partage de la plaine s'opéra, se fixa à la longue, pour aboutir, à la fin du dix-huitième siècle, a une détermination de vingt lots de valeurs très inégales, appartenant aux communes suivantes :
Zigliara, Frasseto, Campo, Ste Marie-Sicché, Azilone, Forciolo, Grosseto, Urbalacone, Guarguale, Cognocoli, Albitreccia, Tasso, Sampolo, Ciamanacce, Palneca, Cozzano, Zivaco, Guitera, Corrano et Zevaco.
Ces lots varient de mille hectares en­viron (Zigliara, Zivaco), et une dizaine d'hectares ; mais ce sont bien des lots communaux, strictement délimités, com­prenant, il est vrai des propriétés parti­culières dans leurs totaux respectifs ; mais ces propriétés particufîeres ne repré­sentaient que le tiers environ de la superficie totale des 3.200 hectares environ de la "communauté" plaine de Taravo.
A des distances variant de dix à soi­xante kilomètres, chaque commune admi­nistrait son lot, dans presque tous les cas sans contact territorial entre l'un et l'autre. La dispersion anarchique était telle que la difficulté réelle de groupement communal de la plaine de Taravo sous le nom de Serra-di-Ferro ne vint pas des communes originaires, mais de la technicité même du regroupement de tant de parcelles : ce fut long et assez pénible.
Même à l'heure actuelle, toutes les popu­lations saisonnières et qui le sont encore, restent attachées à leurs communes d'ori­gine ; toutefois, le résultat prévu a été atteint, puisque une population sédentaire s'est formée, gravitant autour de cinq cent individus, et que si elle ne s'accroît pas davantage, par le remembrement plus accusé, c'est bien à cause de l'insalubrité de la région, cause capitale, car le besoin des productions de montagne, en réalité résumées à la châtaigne, ne jouerait plus en présence de la somme, qui affecterait des formes industrielles, de productivité de la plaine du Taravo, que connaissaient bien nos ancêtres plusieurs fois millénaires, puisqu'ils y ont laissé des vestiges mégalithiques.

En 1727, sous l'autorité de GENES, une convention a été passée devant le gouverneur entre les procureurs des Pièves D'ORNANO et de TALAVO qui déci­dèrent de procéder au partage de PIANU E ASPRIVU DI TALAVU restés jusqu'à présent indivis entre les 2 pièves. le PLAN TERRIER de I795 illustre que le territoire de l'actuel SERRA DI FERRO est partagé entre les communes :
-du canton de TALAVO
-du canton de ZIGLIARA
-du canton d'ORNANO.


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