A Muntanera ©Stephane Deguilhen
LA SYMBOLIQUE
Serra di Ferro porte en elle l’image de la transhumance. Le territoire est occupé par l’homme dès la préhistoire, mais la malaria et l’insécurité liée à la piraterie contraignent les populations à n’y séjourner que lors des semailles, moissons, ou de l’hivernage des troupeaux.
Serra di Ferro porte en elle l’image de la transhumance. Le territoire est occupé par l’homme dès la préhistoire, mais la malaria et l’insécurité liée à la piraterie contraignent les populations à n’y séjourner que lors des semailles, moissons, ou de l’hivernage des troupeaux.
La transhumance des animaux était, il y a à peine encore quelques générations de cela, un mode de semi-nomadisme pratiqué en corse comme dans les autres régions et pays du pourtour méditerranéen.
« La montagne ne fut pas un monde clos, mais en étroite relation avec plaines et bassins… » note Eric Bordessoule dans « les montagnes méditerranéennes », et la migration du bétail n’est pas un simple mouvement d’estivage interne aux montagnes humides, mais repose sur l’étroite complémentarité pastorale des plaines et des montagnes. Liens pastoraux précoces dus à deux raisons : intense sécheresse estivale des basses terres, pâturages pauvres en légumineuse et meilleurs fonds réservés aux cultures vivrières en montagne empêchent la constitution de réserves fourragères hivernales suffisante.
Toutefois, les « paisani » corses, qui pour des raisons historiques de défenses face aux incursions des Maures et des raisons économiques, avaient dû établir leur habitat dans les zones de moyenne montagne, se déplaçaient et pratiquaient une « double transhumance » (au niveau des lieux et des périodes). Depuis l’étage de l’habitat permanent, vers l’estive d’altitude l’été et le parcours de plaine, l’hiver, vers les alpages à la recherche d’herbages pour leurs animaux pendant la période des fortes chaleurs et de sécheresse l’été et vers les collines et les plaines côtières, les « piaghi », en automne et en hiver, à la recherche de territoires aux conditions climatiques moins rigoureuses et de terrains à ensemencer.
La pratique de cette forme de semi-nomadisme a été à l’origine de la création de nombreuses localités du pourtour côtier dépendant encore aujourd’hui et partie intégrante d’une commune « étendue » ayant son village « souche » dans l’arrière pays montagnard. L’ancienne piève d’Ornanu, Coti-Chjavari, Pietruseddu et Sarra di Farru se sont détachées de la commune « mère » et ont acquis une totale autonomie par rapport à celles-ci.
L OEUVRE
Commune issue de la transhumance, Serra di Ferro a voulu donner un sens à cette pratique ancestrale en commandant à Stéphane DEGUILHEN une œuvre symbolisant l’origine de la commune. Par le « mariage » original du châtaignier et de l’olivier, les deux arbres emblématiques de notre région, l’artiste a mis en évidence les liens historiques, culturels et géographiques qui existent entre littoral et intérieur.
Commune issue de la transhumance, Serra di Ferro a voulu donner un sens à cette pratique ancestrale en commandant à Stéphane DEGUILHEN une œuvre symbolisant l’origine de la commune. Par le « mariage » original du châtaignier et de l’olivier, les deux arbres emblématiques de notre région, l’artiste a mis en évidence les liens historiques, culturels et géographiques qui existent entre littoral et intérieur.
Le terme « ammuntagnà » et son dérivé l’ammuntagnerà, laisse place à une certaine ambiguïté puisque désignant essentiellement le fait de se déplacer en direction de la montagne, de terres plus haut situées, que le lieu de départ soit indifféremment les piaghji ou le village d’origine, il semble s’appliquer plus spécifiquement à la migration de la population vers leur village de montagne afin, tout à la fois, d’échapper aux miasmes des plaines côtières et de vaquer aux différentes activités nécessités par la saison et, en conséquence, en ce qui concerne la transhumance des troupeaux vers les alpages d’estive. Celle-ci sera généralement désignée sous le nom de « Muntanera ».
Symboliquement, cette fusion exprime bien le besoin que chaque corse a de se sentir à la fois proche du bord de mer et de l’intérieur. « Si tu ne sais pas où tu vas, rappelle-toi d’où tu viens » nous disait Aimé CESAIRE. Cette œuvre permettra aux générations futures de s’approprier cette réflexion, qui redonne aujourd’hui du sens au développement que nous voulons pour notre île.
Si la transhumance est une pratique ancestrale, l’espérance se tourne vers l’avenir en imaginant la transhumance du XXIème siècle, qui inciterait les personnes arrivant sur nos rivages à redécouvrir l’intérieur.
L’œuvre originale est en bois, une miniature réalisée en bronze est exposée devant la mairie.
L ARTISTE
Stpéhane DEGUILHEN travaille le bois d’une manière talentueuse, intuitive, créative et originale.
Stpéhane DEGUILHEN travaille le bois d’une manière talentueuse, intuitive, créative et originale.
Après une maîtrise de biophysique, il se lance dans une carrière artistique. Il a réalisé de nombreuses œuvres figuratives notamment pour des institutions. A Muntanera est sa première réalisation contemporaine.